Je suis né à Saint Pétersbourg il y a de cela dix huit ans maintenant. J'aimerais vous dire que je suis le petit dernier qui a apporté joie et sourire à ma naissance. Mais, j'ai été le septième enfant dans une famille qui manquait déjà de tout. Le septième fils et aucune filles au grand désespoir de ma mère qui mourut l'hiver suivant.  J'ai donc grandi avec mes six frères et mon père. C'était très masculin comme univers comme vous pouvez vous en douter. C'est le système de la débrouille. On s'est jamais vraiment occupé de moi, simplement le nécessaire vitale. Cela dérangeait pas mes frères que je porte les mêmes vêtements pendant une semaine. Nous nous douchions tous ensemble pour économiser l'eau. Vous pouvez penser que c'était des mauvais souvenirs, mais non. J'étais trop jeune pour comprendre que nous étions pauvres. Moi, j'aimais dormir avec quatre de mes frères dans le même lit. J'aimais que notre père nous entasses tous dans la baignoire. Moi, j'étais heureux. C'est vers mes onze-ans que j'ai commencé à comprendre que l'argent nous manquait. Que je ne pouvais pas m'habiller des plus beaux vêtements à la mode, avoir les dernières consoles de jeux ou encore tout simplement profiter d'un repas au restaurant. Non, chez nous, c'était soupe à la pomme de terre presque toutes les semaines.   

Pourtant, j'ai grandi, peut-être plus vite que les autres. Alors, que l'adolescence m'avait à peine touché de sa grâce. Une après-midi tout bascula pour moi. Je rentrais de l'école tout seul quand j'ai croisé cet homme. Il sortit une liasse impressionnante de billets. Je venais des quartiers pauvres, mais je savais très bien ce que cela voulait dire. Cependant, il avait quelque chose dans son regard. Vous allez me dire que je suis fou, cependant je suis certain d'avoir vu du rouge dans le fond de ses pupilles. J'ai été comme hypnotisé et ce fut le blackout total. Je me suis réveillé entièrement nu, l'homme se rhabillait. Il se tourna vers moi et me jeta 4 milles roubles au visage avec ce sourire que je n'oublierais jamais. Un sourire de démon. J'avais douze-ans et j'avais tout à fait compris ce que je venais de perdre dans cette chambre. J'aimerais vous dire que j'ai été horrifié et que je suis allé voir la police. Mais, non, j'ai recommencé. Cet homme me présenta d'autres hommes. J'ai longtemps vomi et pleuré. Cependant, c'est ainsi que j'ai compris que je préférais les garçons aux filles. J'étais homosexuel. L'argent transforma complétement notre vie. Je gagnais parfois 5 milles roubles. Mes frères et mon père savaient très bien ce que je faisais pour gagner autant d'argent, mais nous n'en avons jamais parlés. C'était un sujet tabou. Nous avons déménagés à Moscou à mes seize-ans et nous avons commencés une nouvelle vie. Mes frères ont tous un travail plutôt honnête. Certains sont pères de famille, d'autres ont des enfants. Je suis le petit dernier et je vis toujours avec mon père.

Je suis à ce jour lycéen. Non, je n'ai pas arrêté l'école. C'était hors de question. Personne de mon entourage au lycée ne sait que je me prostitue. Je ne sèche pas les cours. Déjà, Misha me l'interdit. Misha est le proxénète pour qui je travaille. Cela peut paraître malsain, mais il est comme un père. Je vois dans ses yeux que je ne suis pas une chose, un produit périssable. Il fait attention à moi. Il ne m'envoie pas avec n'importe qui. Il vérifie avec qui je vais partir et glisse toujours des préservatifs dans mes poches avant de me donner une petite tape sur les fesses. Je sais bien ce que je risquerais avec quelqu'un d'autre. Je serais peut-être dans un film pornographique glauque où on me forcerait à coucher sans protection. J'ai parfois peur de tomber dans ces excès. Il y a quelque chose de sombre dans cette ville. Je peux le sentir. C'est comme une sensation de mains crochus qui se poseraient sur vos épaules. C'est oppressant, comme si on attendait le pire de nous. Mes journées restent ordinaires. Je vais au lycée toute la semaine et le week-end, Misha vient me chercher dans son énorme Mercedes. Il sait à quel point j'aime les belles choses. Il m'emmène dans un de ses restaurants américains. J'ai le droit de prendre ce que je veux. Nous discutions ensemble, parfois même nous rions, puis je vais vendre mes charmes. C'est aussi bête que ça. Est-ce que je suis heureux ? Oui, mais car je n'ai rien connu d'autre. Pour moi, cette vie est tout ce que je connais. Pourquoi ? Vous avez mieux à me proposer ?